Victime sept ans auparavant de l'explosion d'une bombe qui lui a fait perdre ses yeux et sa main gauche, l'ancien capitaine de cavalerie Fausto refuse de se conduire en infirme : individualiste, cynique, sarcastique, d'une permanente agressivité, il reste pourtant fou des femmes dont il devine la présence à leur parfum. En compagnie du jeune soldat Ciccio, son ordonnance, qu'il rudoie tout en lui faisant faire l'expérience de la vie, il se rend de Turin, via Gênes et Rome, à Naples pour y retrouver un vieux compagnon d'armes, lui aussi aveugle, Vincenzo, et Sara, une belle jeune fille qui, depuis l'âge de quinze ans, aime Fausto
d'un amour toujours refusé. Un soir, à
Napies, deux coups de feu éclatent...
Voyage initiatique pour nos deux
héros (vers la mort et vers la vie, vers
l'amour), tout à la fois amer ou désespéré
(plus que de cécité, c'est une histoire de
solitude) et tendre et drôle (si le scénario
est tragique, scènes et dialogues en sont
comiques), magnifiquement tourné et
interprêté, le film de D. Risi est un pur
moment d'émotion, le plus subtil et le plus
achevé de son oeuvre.